Schaerbeek et la bruxellisation

Chez les urbanistes, le terme de « bruxellisation » est – vous le savez – utilisé pour désigner les bouleversements d’une ville livrée aux ambitions des promoteurs immobiliers au détriment du cadre de vie de ses habitants ; le tout sous couvert d’un impératif de « modernisation ». Dans les années 1970, Schaerbeek a souffert de cette bruxellisation ; moins que ces voisines (Saint-Josse-ten-Noode et Bruxelles-Ville), certes, mais elle en porte encore les cicatrices. Du CCN (Centre de Communications Nord) aux tours à appartements en passant par les autoroutes urbaines … en voici un bref aperçu.

1. Le CCN et les environs (1969-1983)

Les Arrêtés Royaux du 17 février 1969 prévoyaient, par le biais de trois Plans Particuliers d’Aménagement (PPA), l’expropriation et la démolition de 536.900 mètres carrés soit plus de 40 îlots, à l’ouest de la Gare du Nord. « Trois communes étaient concernées : la Ville de Bruxelles (pour 32, 74 hectares), Schaerbeek (10,38 hectares) et Saint-Josse-ten-Noode (10,57 hectares). Une fois le quartier rasé, la Ville de Bruxelles pouvait y construire 54 tours (entre 18 et 135 mètres de hauteur), Schaerbeek 8 (entre 30 et 163 mètres) et Saint-Josse 18 (en 23 et 135 mètres), et ce le long de deux autoroutes urbaines (60m de large) se croisant perpendiculairement aux pied des huit tours du World Trade Center (…). L’expropriation et la démolition des îlots prirent plus de 10 ans et la reconstruction plus de 40 ans. Elles se firent dans la plus totale désorganisation. Aucun pouvoir public n’était à même de gérer avec un minimum de cohérence cette orgie destructrice ».  (A. Martens, Dix ans d’expropriations et d’expultions au Quartier Nord de Bruxelles (1965-1975) : Quels hétitages aujourd’hui? in Brussels Studies, Numéro 29, 5 octobre 2009)

CCN

CCN

2. La Tour Brusilia (1970-1974)

Les plans originaux prévoyaient un édifice deux fois plus large. « Haut de 36 [Brusilia était] l’immeuble à appartements le plus élevé de Belgique à sa construction (…) À l’origine, la tour devait s’étirer sur treize travées, six de part et d’autre d’une travée technique. Seules cette dernière et les six travées de gauche furent réalisées. Prévue pour une seconde phase, l’autre moitié de l’immeuble ne vit jamais le jour. En 2012, c’est finalement une aile de logements de neuf niveaux qui s’est accolée à la tour, accompagnée d’une seconde, de quatre, le long de l’avenue Voltaire, conçues en 2001 par le bureau Architectes Associés ». (source)

Plan de la Tour Brusilia en 1968 (http://www.irismonument.be/)

Plan de la Tour Brusilia en 1968 (http://www.irismonument.be/)

3. Le Viaduc Reyers (1969-1972)

Dans les années 1960, l’Etat estime qu’il faut à tout prix faciliter la pénétration de Bruxelles par les automobiles. La construction de l’E40 (Liège-Bruxelles) qui débouche sur l’avenue du Diamant exige que l’on enfouisse les voies de trams et que l’on construise des voies rapides et un viaduc en surface. Quarante ans plus tard, le viaduc tombe en ruine. La région projette de le détruire vers la fin de l’année 2015, pour y réaménager un rond-point et un boulevard urbain.

Le Viaduc Reyers en 1970 (Photo : BruCiel)

Le boulevard Reyers en 1970 (Photo : BruCiel)

4. La Tour Reyers (1979)

Elle a été conçue comme le centre nerveux d’un nouveau « réseau de faisceaux hetzien » destiné à véhiculer les images sur tout le territoire belge. Elle était également destinée à devenir un des principaux maillons du réseau Eurovison, la nouvelle « internationale des images ; bourse d’échange internationale d’informations. « Tour en béton armé de 89 mètres de haut, sur fondation de 9 mètres de profondeur. Elle se compose d’un fût de plan carré à pans concaves et d’une superstructure circulaire à assise en cône inversé portant un dôme tronqué par deux plateaux hérissés d’antennes. La tour est le résultat d’une prouesse technique : le fût a été édifié par coffrage grimpant et la superstructure de 5000 tonnes, réalisée au sol, hissée par câblages ». (source)

reyers_tour

 

Comments

  1. dewey Author

    commentaire de Laurent
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    C’eût été plus intéressant d’essayer de comprendre pourquoi Schaerbeek a moins souffert de la ‘bruxellisation’ que Ses voisines… plutôt que de superposer des projets aussi différents que le plan ‘Manhattan’ et la tour de la RTBF-VRT…

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