Rencontre délicieuse à la Carotte (par Habiba)

Note : Ce texte a été écrit au début de l’année 2014. Le café associatif La Carotte venait alors d’ouvrir ses portes en bas de la rue Josse Impens. Avec ses activités à petit prix, il est rapidement devenu un lieu de rencontre indispensable pour le quartier, un lieu humain, une sorte de petite fabrique de lien social :  concerts, vernissages, expositions, ciné-club, formations en tous genres et tables d’hôtes. La Carotte a récemment été contrainte de fermer pour des raisons administratives. Une perte sèche pour ce quartier. Retour en arrière …

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Un café associatif vient d’ouvrir près du parc Josaphat. Une fois par mois, des tables d’hôtes sont organisées. Le menu est alléchant : « une soupe au potiron, un couscous géant et de la panna cota au citron pour le dessert ». Je réserve ma place pour le service de 12h. J’ai quelques appréhensions, je ne connais personne. La salle est comble. Je m’installe à une table. La soupe arrive, puis le couscous, une salade de billes de blé avec du citron confit, de la coriandre et saveur suprême de légumes grillés, du panais, du poivron, de la courgette…

(Crédit photo : fabonthemoon) https://www.flickr.com/photos/fabonthemoon/

(Crédit photo : fabonthemoon)
https://www.flickr.com/photos/fabonthemoon/

Je me concentre sur ma nourriture, les bénévoles sont souriants … lorsque un vieux monsieur me demande s’il peut s’installer à ma table. Il n’a pas réservé à temps, il devra se contenter d’une soupe et d’un café. Diogène est retraité, son fils Mede répare des vélos. « Je devrais me déplacer en vélo, c’est ridicule de prendre la voiture à Bruxelles » me dit-il. Ses yeux sont clairs,  on peut se voir dedans.  « Est-ce que vous savez rouler à vélo »? J’esquive : « oui, je pense, ça ne s’oublie pas ».

Diogène me fait un topo des restaurants sociaux et de quartier à Bruxelles, me détaillant prix, qualité du service, quantité de nourriture, accueil, conditions d’accès, transports en commun… Il parle, il parle, comme s’il devait me transmettre un maximum d’infos en peu de temps, comme si le temps lui était compté.  Il s’excuse de parler autant. Je le rassure. Il me propose un café. A la fin du repas, nous nous quittons comme de vieux amis.

Je dois me rendre dans le centre ville, je décide d’attendre le bus, lorsque tout à coup j’aperçois Diogène « le défenseur de la bicyclette » grimper au volant d’une grosse Renault bleue foncé. Je reverrai deux fois Diogène : la première fois  à un concert de musique du monde à la Carotte, une seconde fois au restaurant de quartier Sésam’ et c’est toujours avec la même  classe, le même raffinement qu’il me salue.

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