100 papiers, état d’un lieu qui a besoin de vous (par Jack)

Dans un quartier, on s’imagine souvent que les choses sont immuables, que le volet bleu d’une fenêtre ne changera pas de couleur ou qu’un commerce sera toujours accessible. Et pourtant…

Véronic Thirionet a repris, il y a deux ans, la librairie 100 papiers qui fait partie du paysage de l’avenue Louis Bertrand. Aujourd’hui, pourtant, Véronic lance un appel à l’aide pour maintenir à flot cet espace de convivialité et de proximité où on peut venir flâner, bavarder au hasard d’une rencontre ou prendre un verre puisque le lieu est aussi un café. A moins de venir y tricoter, écouter un concert, dialoguer avec un auteur, regarder les œuvres exposées ou, pour les enfants, écouter des contes. Entre autres possibilités d’y trouver (ou commander) un livre. Car le lieu se présente avant tout comme une librairie et les activités qui s’y déroulent s’articulent essentiellement autour de la littérature — qui est, disons-le, une des plus belles portes ouvertes sur le monde.

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Toutefois, ce n’est un secret pour personne, les librairies vont mal, a fortiori quand on ne possède pas les moyens des grandes surfaces. Les temps sont difficiles et la crise dont on nous rabâche les oreilles entraîne une morosité et une frilosité qui freinent les achats. D’autant plus que nous avons tendance à apprécier d’abord les livres pour leur valeur culturelle et à ne pas assez considérer qu’une librairie représente un espace commercial qui a besoin de moyens financiers pour vivre — ou survivre.

L’air de rien, l’enjeu est de taille. Laisser disparaître une librairie comme 100 papiers obligerait à s’en aller chercher ses livres bien loin et priverait le quartier d’un espace où les animations, déjà diverses et nombreuses, pourraient toujours mieux se déployer à l’avenir. Et puis, la librairie, dans sa jeune vie, doit encore s’adapter à sa clientèle et c’est ce qu’elle cherche à faire avec passion.

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A vrai dire, il s’agirait de s’ajuster. C’est-à-dire de ne pas cultiver à tout prix l’immédiateté (et pousser des hauts cris parce que le livre voulu ne sera disponible que dans quatre jours), de veiller en bons voisins (passer dire bonjour et boire un café, pourquoi pas ? — cela fait partie du concept du lieu) et de permettre à Véronic de maintenir une passion intacte, de sorte que, tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre, elle puisse nous proposer des moments passionnants. En somme, rien d’autre que franchir une porte avec le sourire et se trouver emporté dans une dynamique en se réjouissant d’y participer. C’est ainsi que s’établissent les rencontres spontanées autour d’un livre ou de la table.

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Mais voilà, 100 papiers vacille sur ses bases, confronté à des contrariétés économiques. Aujourd’hui (septembre 2014), Véronic appelle donc à un sursaut de lucidité, de conscience sur la vie de quartier (celle qu’elle permet, celle qu’elle accueille avec cœur) et cherche une aide financière qui lui permettra de faire face à un avenir immédiat. Le lieu s’assurera, de cette manière, une pérennité et pourra redistribuer ensuite les contributions via des ristournes sur les achats et une convivialité de proximité durable. Chacun en trouvera le détail sur le site www.100papiers.be ou en poussant la porte de la librairie au 23 de l’avenue Louis Bertrand. Les moyens de chacun permettront les moyens d’être, de vivre et de continuer ensemble.

Lorsqu’une librairie fait partie du paysage, il serait dommage qu’elle en disparaisse. Et chaque livre ouvre sur un monde qu’il faut maintenir en éveil.

Jack Keguenne

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