Ezelstad #9 : être éducateur à Schaerbeek

[EDITO] Être éducateur à Schaerbeek. Le thème s’est imposé de lui-même. pour cette neuvième édition de la Cité des ânes (qui sera mise en ligne cette semaine). Notre système scolaire – décrié pour sa tendance à reproduire les inégalités et à laisser toute une série de jeunes en difficulté sur le carreau – a aujourd’hui plus que jamais besoin d’investissements nouveaux, de ressources nouvelles et d’idée neuves.

Certains écoles schaerbeekoises sont prises dans un cercle vicieux : manque de moyens, manque de personnel, infrastructures vétustes et manque de soutien aux élèves en difficulté. Face aux limitations budgétaires, des enseignants
sont aujourd’hui forcés d’apprendre à faire leur métier, avec moins. Face à eux, des élèves qui accumulent les difficultés, et qui ressentent de plein fouet le manque d’intérêt de la société belge à l’égard de sa jeunesse. Isabelle, Habiba et Mathieu sont allés à la rencontre d’un éducateur de rue et de plusieurs enseignants : différentes personnes qui – chacune à leur manière – tentent de redonner du sens leur travail d’éducateur ou d’enseignant. Tous ont attiré notre attention sur les enjeux éducatifs qui se jouent actuellement en marge du cadre traditionnel des cours. Ils expliquent que de nombreux jeunes font aujourd’hui leur éducation ailleurs que sur les bancs d’école : sur des médias sociaux – dangereux mais difficilement contournables – mais aussi, dans des activités artistiques, sportives, des ateliers de théâtre, des activités de soutien scolaire, où encore des conseils de classe, où
les grands élèves sont invités à participer eux-mêmes aux décisions qui concernent leur avenir.

 

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L’enjeu aujourd’hui, c’est de soutenir ces jeunes dans leur volonté et leur capacité de devenir des acteurs exceptionnels au sein de leur école, de leur quartier, de leur ville, de leur société. Souvent, cette volonté d’agir positivement sur son environnement – de ne pas rester passifs face aux difficultés – vient des élèves eux-mêmes. Vanessa en a fait l’expérience. « En mars 2016, juste après les attentats de Bruxelles, mes élèves sont venus en nombre me dire qu’ils en avaient marre de l’image de Schaerbeek relayée par les médias. Ils m’ont dit qu’ils avaient envie de changer ça, de se bouger, et ils ont demandé de l’aide. En tant qu’enseignante, je souffre parfois de la mauvaise image de Schaerbeek. Certains ne comprennent pas comment je peux prendre du plaisir à y enseigner – enfin, ça, c’est quand on ne me regarde pas avec de la pitié, pensant qu’on passe ses journées à me jeter des chaises à la tête. Nous nous sommes inspirés du blog Humans of New York pour créer We are Schaerbeek. Nous y partagerons portraits et anecdotes de personnes qui habitent, étudient, et / où travaillent à Schaerbeek. »

 

La rédac’ de la Cité des ânes.
www.ezelstad.be

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