La friche Josaphat, ici et maintenant

La friche Josaphat est un terrain situé à la frontière entre Schaerbeek et Evere. Seule une petite partie de la friche – à hauteur du numéro 152 de l’avenue Latinis – est aujourd’hui occupée par des activités diverses, conviviales, artistiques et potagères. Sachez cependant que le reste est tout sauf un « terrain vide ». Des dizaines d’espèces de plantes y ont élu domicile, ainsi qu’un grand nombre de papillons et de libellules et un large population d’oiseaux. Je vous propose – dans cet article – de découvrir la friche Josaphat – telle qu’elle existe, ici et maintenant – et cela au travers du regard de naturalistes, de riverains, de promeneurs, de potagistes, bref, de citoyens bruxellois.

1. Les naturalistes

La friche est investie par des naturalistes et des ornithologues (Aves-Natagora) qui passent fréquemment sur le site – jumelles et appareils photos à la main – pour y observer plantes, insectes et oiseaux. En 2014 (c’était avant que le terrain ne soit remblayé et semé à nouveau), il y avait environ 70 variétés de plantes sur la friche, dont certaines plantes rares : petite ciguë, jouet du vent, ache faux-cresson, arroche, centaurée bleuet, chénopode glauque, cirse des champs, gaillet croisette, digitale pourpre, euphorbe des jardins, mauve musquée, morelle noire etc. Et, bien sûr cette végétation variée attire un nombre considérable de papillons, lesquels ont besoin de s’y nourrir, mais aussi d’y pondre, de s’y abriter, de s’y reposer.

Certains papillons ne pondront leurs œufs que sur une seule espèce de plante : la plante hôte ou nourricière. Une fois les œufs éclos, les chenilles se nourriront généralement des feuilles de cette plante jusqu’au moment magique de la métamorphose où elles se transformeront en chrysalide puis en imago (la version que nous connaissons habituellement d’un papillon). Ce papillon adulte se nourrira de nectar et contribuera en même temps à la pollinisation des fleurs visitées puis il cherchera à s’accoupler, de préférence avec un(e) partenaire distant(e) pour éviter tout risque de consanguinité et favoriser ainsi la biodiversité génétique (source : Natagora).

Le dernier recensement sur la friche (2014-2015) fait état de la présence de 23 espèces de papillons, 18 espèces de papillons de nuit et 18 espèces de libellules. Le document témoigne également de la présence de 69 variétés d’oiseaux : canard colvert, corneilles, choucas des tours, oies cendrées, éperviers, hérons cendrés, buses, vanneaux huppés, pies bavardes, marinets noirs, mouettes rieuses, pouillots véloces, troglodytes mignons, goélands argentés, tourterelles, pic épeiche, geai des chênes, fauvettes, étourneaux, merles, grives, rougegorges, rougesqueues, tariers, traquets, pisons, chardonnerets …

Crédit photo : Paula Bouffioux

Crédit photo : Paula Bouffioux

Enfin, si vous vous promenez sur la friche Josaphat à la tombée du jour ou au petit matin, avec que le jour ne se lève, vous apercevrez peut-être quelques magnifiques renards (Vulpes vulpes). Une série de renards roux ont en effet coutume de s’y balader

2. Les nouveaux disparus

Si vous vous promenez sur la friche, vous avez déjà sûrement observé la présence d’une série de roulottes et de caravanes. Il s’agit d’une compagnie de théâtre itinérant : la compagnie des nouveaux disparus. Tous les ans, aux alentours du mois de novembre, les nouveaux disparus organisent un festival de théâtre amateur, pour enfants et adolescents : le festival Mimouna. Les participants ont entre 6 et 20 ans, et créent chaque année une série de scènettes sur un thème particulier. En 2014, c’était l’oeuvre de Maurice Maeterlinck, le seul prix Nobel de littérature belge.

Depuis sa création, en 1994, la compagnie œuvre pour donner accès à la culture, et au théâtre, en particulier, à un public défavorisé peu enclin aux sorties culturelles. La démocratisation de la culture et la valorisation de la diversité constituent les fils rouges de toutes nos activités qui se déclinent, grosso modo, en trois types de projets : la création de pièces, le festival Théâtres Nomades et le festival Mimouna (voir : www.lesnouveauxdisparus.com).

3. Les riverains … et autres citoyens bruxellois

Avec ses 24 hectares de terrain vierge, la friche Josaphat est un lieu de promenade et de rencontre, régulièrement parcouru par certains riverains des quartiers Jardin, Wahis, Lambermont ou Latinis. Certains de ces habitants se sont montrés particulièrement actifs sur la friche. Des gens de la rue Gilisquet ont par exemple organisé spontanément un ramassage de déchets (canettes, plastique, verre, etc.) et ont installé une balançoire sur la friche à hauteur du mirador.  Tous les premiers dimanches du mois à 13 h., Hanne – architecte de Sint-Lucas – donne rendez-vous pour un pic-nic à l’entrée de la friche, au niveau du potager Latinis. Le principe est simple : auberge espagnole, chacun amène sa nappe et un petit plat à partager.

Crédit photo : www.ezelstad.be

Crédit photo : www.ezelstad.be

4. Les collectifs citoyens

Last but not least : une série d’associations et de collectifs locaux ont organisé des activités sur la friche Josaphat, entre 2014 et 2015, dans le but de développer des activités conviviales, de créer des liens avec le voisinage, de faire prendre conscience de l’existence et de l’importance du lieu. En avril 2014, le collectif Commons Josaphat a lancé une série d’activités d’appropriation des lieux : construction d’un mirador, rencontres, visites guidées, ateliers et guerilla kitting. Un an plus tard, une série de collectifs locaux lui emboitent le pas et manifestent leur intérêt pour ce terrain …

  • Dewey : ce collectif schaerbeekois a lancé un potager hors-sol (potager Latinis) au printemps 2015. Cette association cherche par aillers à mettre en valeur la vie locale à Bruxelles, notamment au travers de l’organisation d’ateliers DIY-DIT. L’association organise régulièrement des ateliers « potager », lesquels ont généralement lieu le dimanche de 13 à 17h.
  • BXL Wildlife : BXL Wildlife est « un projet de recherche et d’expérimentation qui propose de considérer la ville, l’urbain comme l’environnement naturel de l’homme. Partant de ce postulat le projet s’intéresse aux relations qu’entretiennent le milieu et son habitant principal ».
  • Baya : Le Collectif Baya est une association ayant pour objectif l’expérimentation architecturale, à travers la conception et la réalisation de projets s’inscrivant dans une démarche durable et participative. Le collectif a pour projet de construire un géodôme sur la friche Josaphat et souhaite ensuite organiser un petit festival d’architecture expérimentale, mené en partenariat avec l’association française Bellastock.
  • Farmtruck : ce projet, lancé par Petra Pferdmenges, est la déclinaison mobile de ParckFram à Molenbeek-Saint-Jean. Le Framtruck « vous invite à découvrir les projets pilotes des fermiers régionaux  et à participer à des interventions, performances agricoles dans les multiples espaces publics de Bruxelles ».
  • Common Grounds : Commons Grounds est un collectif d’étudiants issus de Sint-Lucas. Ils cherchent principalement à créer des liens entre la faculté d’architecture (située rue des Palais) et les quartiers avoisinants, notamment le quartier Brabant. Parmi eux, Hanne Van Reusel : une doctorante de Sint-Lucas qui cherche à lancer une petite cuisine sur la friche (Récup’Kitchen) afin d’y préparer les aliments issus du potager.
  • Occup’Art : Occup’Art est un projet artistique lancé par Marta Smaldone, basé sur l’idée de bien commun. On lui doit notamment l’organisation de l’événement « Time Capsule », début 2015 et du « Tour Josaphat » en mai 2015.

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par Mathieu

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