6 façons insolites d’employer votre argent

Elles viennent d’Espagne. Voici six façons insolites d’utiliser (ou de considérer) cette chose qui nous dégoûte tous un petit peu, mais jamais au point de vouloir en être séparé : l’argent.

(1) le « billete infurecido » : le billet de banque comme billet d’humeur

C’est une mode qui s’est installée en Espagne à partir de l’année 2013 et qui consiste à écrire des messages piquants sur les billets de banque. Un exemple, trouvé sur un billet de 5 EUR :  « Monsieur Botin [président de la banque Santander], je suis conscient que ce billet finira un jour entre vos mains. Permettez-moi de profiter cette occasion pour vous demander d’aller vous faire f…  »

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(2)  le « boicot » : le billet de banque comme bulletin de vote

En 2014, Coca-Cola annonce son intention de licencier dans son usine de Madrid. Résultat : « Madrid ne boit plus de Coca-Cola », le boycott s’étend à toute l’Espagne et le chiffre d’affaire de Coca-Cola chute 2,3%. Autre exemple : le mouvement « Remueve tu dinero » invite les gens à déplacer leur argent vers les caisses d’épargnes rurales (cajas rurales), caisses coopératives et banques « éthiques ».

(3) la « renta basica » : l’argent comme droit humain

Ben, oui. Pourquoi pas ? L’Espagne suit l’exemple de la Suisse : les défenseurs de la Renta Basica (« revenu de base » ou « allocation universelle ») soutiennent une Initiative législative populaire qui exige la reconnaissance d’un droit « individuel, universel et inconditionnel » à un revenu mensuel d’environ 645 euros. Le salaire minimum espagnol est aujourd’hui d’environ 750 EUR.

(4) « Mondragon » : l’argent comme outil au service des travailleurs

Non, l’argent n’est pas forcément un outil de domination, visant à faire accepter aux gens ce qu’ils n’ont (au fond) pas envie d’accepter (comme des licenciements collectifs et des conditions de travail dégradantes). La septième plus grande entreprise d’Espagne est une entreprise auto-gérée ; c’est-à-dire qu’elle est composée de travailleurs qui sont eux-mêmes propriétaires de l’entreprise (Mondragon). Ce sont donc eux qui décident de l’orientation et du mode de gestion de l’entreprise (et non une assemblée d’actionnaires). Ils n’ont jamais licencié personne. Et l’entreprise existe depuis 1956.

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(5) « consumo cooperativo » : prêter et emprunter (et non acheter)

En période de crise les gens évitent de consommer des biens à usage privé. Ils partagent. Conséquence : l’Espagne compte aujourd’hui plus de 150 entreprises de « consommation collaborative ». Voitures partagées, appartements partagés, lieux de travail partagés (co-working) etc.

(6)  « Moneda social » : un billet de banque n’est (au fond) qu’un morceau de papier

Depuis 2008, de nouvelles monnaies – dites « monnaies sociales » – apparaissent dans toute l’Espagne : Mora et Boniato à Madrid, Eco à Barcelone et à Valence,  Puma et Jara à Séville, Zoquito à Cadiz, Pita à Almeria, Comun à Malaga, Copon à Cuenca, La Bolleta à Guadalajara, le Galeuro à Santiago, l’Ekhi à Bilbao, l’Ebro à Saragosse, El Drago à Santa Cruz de Palma ou encore le Demos aux îles Canaries.

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Comments

  1. Celine David

    C’est une belle façon de rendre les citoyens acteur du monde dans lequel ils vivent. Il est vrai qu’il faudrait promouvoir les entreprises auto-gérée, c’est l’avenir!

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