Une monnaie locale pour soutenir nos petits commerces ?

Un monnaie locale, à quoi ça sert ? C’est la question qu’on va se poser dans cet article, en profitant de l’occasion pour vous rappeler qu’un projet de monnaie citoyenne est en train de voir le jour à 1030 !

Le boulanger du coin, l’épicier où vous avez coutume de faire vos achats, le webdesigner qui refait votre site internet, le libraire qui transmet la passion du livre à vos enfants, le taxi qui vous conduit à la Gare du Midi lors de votre départ en vacances : tout ce tissu économique local est aujourd’hui mis sous pression et – je ne vous apprends rien – soumis à des jeux de concurrence déloyaux.

Votre boulanger doit faire face à la concurrence des pains précuits du groupe Delhaize, l’épicier à celle des enseignes du groupe Mestdagh, le webdesigner à celle d’UpWork, le libraire à celle d’Amazon, le taxi à celle d’Uber et l’hôtelier à celle d’AirBnb. Enfin – en bout de course – toute la richesse qui est produite sur leur dos échappe très largement à l’impôt sur les entreprises.

Là où votre libraire qui affiche un revenu imposable de 20.000 euros par an paie 24,25% d’impôt sur les entreprises, Amazon (avec son chiffre d’affaire de 129 millards de dollars) y échappe presqu’entièrement.

Face à cette injustice, des collectifs de citoyens cherchent à modifier le jeu économique en mettant en circulation des monnaies locales parallèlement à la monnaie officielle, et dont la valeur est fixée sur le cours de l’euro (1:1). Si ces monnaies complémentaires ne permettent pas de « changer le système », elles ont au moins un intérêt : n’ayant aucune valeur en dehors d’un territoire déterminé, elles ne viennent pas alimenter les circuits de l’économie spéculative. Bref, elles se mettent au service de l’économie réelle : elles encouragent les citoyens à soutenir leurs commerces de proximité, renforcent les liens économiques locaux, pérennisent l’emploi local …  On dénombre actuellement plus de 5000 monnaies de ce type à travers le monde, et une dizaine rien qu’en Belgique francophone.

 

 

« Ces nouvelles monnaies, bien que présentant des différences notables, ont au moins un objectif commun : se réapproprier un outil financier classique pour en faire un outil social, ancré dans l’économie réelle et centré sur les échanges locaux, en renforçant l’identité et la cohésion au sein d’une région donnée. (…) Sans pour autant avoir la prétention de remplacer les monnaies officielles, la mise en place de monnaies complémentaires permet de limiter, dans une certaine mesure, ces effets négatifs (Source : Financité, Guide pratique des monnaies complémentaires, 2013).

A Bruxelles, aucune monnaie de ce type n’a émergé depuis l’expérience infructueuse de l’EcoIris. Pour rappel – en 2012 – Bruxelles Environnement lance une monnaie complémentaire (EcoIris) qui aurait dû avoir pour double avantage de renforcer le tissu économique local et d’encourager les gestes « écocitoyens ». Pour accéder aux EcoIris, les citoyens devaient transmettre des preuves d’achat qui attestaient du fait qu’ils avaient posé des gestes « écocitoyens » (achat d’un vélo ou d’un vermi-compost, installation d’une citerne de récupération de l’eau de pluie etc.). L’idée est belle, mais trop exigeante, trop restrictive, trop « exclusive » … Rares sont les bruxellois qui prennent la peine de s’intégrer dans le système d’échange. Quelques mois après son lancement, les critiques fusent. On reproche à Bruxelles Environnement son plan de communication trop coûteux : 400.000 EUR d’investissement pour l’équivalent de seulement 8000 EUR en circulation.
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Ironie du sort : avec une infime fraction de ce buget, des citoyens liégeois parviennent à lancer le Valeureux en 2014. Cinquante mille unités en circulation. Simultanément, on a assisté à une floraison de monnaies citoyennes wallonnes : l’épi Lorrain en Gaume, Le Ropi à Mons, le talent à Louvain-le-Neuve, les Blés à Grez-Doiceaux, le Voltî dans les communes de Ciney, Hamois, Havelange, Marche-en-Famenne, Nassogne, Rochefort et Somme-Leuze. Aujourd’hui – fin 2017 – trois collectifs bruxellois sont bien décidés à suivre l’exemple de leurs voisins wallons, avec le soutien de l’association Financité : à Anderlecht, Etterbeek-Ixelles et à Schaerbeek ! Pour rejoindre le groupe de 1030, il vous suffit de bloquer votre soirée du 13 novembre et de vous rendre à 19.00 au Central Park (41, Rue des Azalées, 1030 Schaerbeek).
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