Bruxelles, ville industrielle. Non, peut-être ?

A l’international, Bruxelles est aujourd’hui perçue comme une ville de services, tournée vers le tertiaire, parsemée d’immeubles de bureaux, et de longs cortèges de bagnoles. Derrière cette image bureaucratique qui lui colle a la peau depuis plus d’un demi-siècle, se cache un riche passé industriel relativement méconnu et dont « La Fonderie » tente de conserver le souvenir. Je suis allé y faire un tour, rue Ransfort.

Pour rejoindre « La Fonderie », je passe par la rue Rogier, rue Masui, Allée Verte, pont des Armateurs, Avenue du Port, Quai des charbonnages, Quai de l’Industrie. La plupart des noms de rues rappellent ici l’histoire industrielle de la ville : l’époque où – ville fluviale et point de départ de la première liaison ferroviaire du continent – Bruxelles attirait une foule d’activités industrielles, venues des quatre coins de l’Europe. La métallurgie notamment. Parmi les usines qui prirent racines le long du canal : la fonderie de « Compagnie des Bronzes », active de 1898 à 1979.

 

J’arrive devant l’entrée du bâtiment; entre la Halle des tourneurs et l’Atelier central. Un grand écriteau rappelle l’histoire du lieu … « Visiteurs, vous avez derrière vous la rue Ransfort, le canal et la ville. En 1814, Molenbeek comptait 1600 habitants. Grâce au canal de Charleroi, l’industrialisation s’y est développée. En 1890, 58.445 personnes habitaient ces quartiers appelés alors ‘le petit Manchester belge’. L’histoire de l’industrialisation est aussi celle de l’immigration. Des flamands et des Wallons. Des soldats de Wellington, des communards de Paris, des Italiens, des Espagnols se sont installés ici. Ils sont venus pour améliorer leurs conditions de vie. L’industrialisation, c’est leur travail. (…) Visiteurs, vous rentrez chez vous par la rue Ransfort à travers un quartier, une ville, une région qui hier était la plus industrielle du pays. Aujourd’hui, l’industrie s’est effondrée. Le travail a changé, la ville aussi. Les bureaux gagnent du terrain, les voitures envahissent tout. Le confort s’améliore mais malheureusement pas pour tous. Les maisons sont occupées par de nouveaux habitants originaires du Maghreb, du Pakistan, d’Afrique noire… Ils sont venus pour améliorer leurs conditions de vie. Le travail, l’industrie, c’est encore une longue histoire qui s’écrit tous les jours, ici et ailleurs« .

 

 

La suite de l’histoire, on le connaît : à la fin du siècle dernier, les pouvoirs publics inventent à Bruxelles une nouvelle vocation de “ville de services” et de “centre d’affaires”. Et la ville perd ainsi son statut de « première ville industrielle de Belgique », qu’elle avait conservé jusque dans les années 1960 face à Anvers, Charleroi et Liège. Cette industrie qui a fait la prospérité de la ville, et qui a employé un tiers de sa population active, disparaît alors progressivement au profit d’activités tertiaires et de « surfaces de bureau ». Mondialisation oblige, la main d’oeuvre locale est mise en concurrence avec la main d’oeuvre étrangère ; ce qui conduit au démantèlement du tissu industriel local. Le bâtiment de la Fonderie de la Compagnie des Bronzes échappe de justesse à cette vague de destruction, sous la pression d’un comité d’habitants qui parvient à convaincre la communauté française de Belgique de racheter le bâtiment – en 1982 – afin de le convertir en un « musée de l’histoire sociale et industrielle ».

Le musée est ouvert du mardi au vendredi de 10.00 à 17.00, et les samedis, dimanches et jours fériés de 14.00 à 17.00. Gratuit chaque premier dimanche du mois …

 

 

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