Docks : à peine construit, déjà vendu, bientôt périmé ?

Les Docks de Bruxelles étaient des espaces portuaires où s’opéraient des échanges de marchandises. “Docks” est aujourd’hui devenu le synonyme d’un espace aseptisé de conso-loisirs. Ce projet déconnecté de l’économie locale et lui faisant inutilement concurrence est en complet décalage avec notre époque. Et, si on imaginait la suite ? Faire table rase de cette épisode, et proposer une reconversion …

Docks est un grand centre commercial qui a ouvert ses portes dans le nord de Bruxelles. Et, deux autres projets de ce type sont en cours de préparation dans la même zone de chalandise (Machelen et le plateau du Heysel). Or – depuis 2008 – les shopping centers voient leurs chiffres de fréquentation baisser année après année. Ils risquent bien de ne pas pouvoir résister à la concurrence : ni à celle qui les oppose les uns aux autres, ni à celle que leur livrent les outlets et autres sites de vente en ligne, de plus en plus populaires.

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Que se passerait-il si une structure telle que Docks Bruxsel (à peine construite, déjà vendue) subissait le même sort que ces malls fantômes immortalisés il y a de cela quelques mois par le photographe Seph Lawless et qui parsèment aujourd’hui le territoire américain? Pourquoi ne pas songer dès aujourd’hui à une reconversion de ces temples flambants neufs de la consommation?

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Rolling Acres (Akron, Ohio, Etats-Unis). Crédit photo : S. Lawless

Rolling Acres (Akron, Ohio, Etats-Unis). Crédit photo : S. Lawless

 

Voici une première proposition. En 2011, Sander Van Duppen – un jeune étudiant en architecture de Sint-Lukas Gent-Brussel – déposait un projet concurrent au projet de Docks Bruxsel. Il s’agissait de reconvertir le site – autrefois occupé par la Coopérative Godin – en faisant l’effort d’y re-développer des activités manufacturières, des activités d’économie sociale, des ateliers et d’y installer un centre de formation, une salle d’exposition et un restaurant social. Les associations de défense du patrimoine ont soutenu ce projet alternatif, qui (comme on le sait) n’a pas été retenu. Peut-être le ressortira-t-on un jour des tiroirs ?

 

Extrait. Sander Van Duppen (2011)

Extrait. Sander Van Duppen (2011)

 

Et vous, vous avez une idée de reconversion ? Si oui, n’hésitez pas à nous en faire part …

Sources

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DES NOUVELLES DE “NEO” ?

Imaginé par le consortium Unibail-Rodamco-Besix, NEO est un projet de développement urbain, qui inclut la construction d’un vaste complexe de 72.000 m² de surfaces commerciales (Mall of Europe). Eric Walravens vient de publier un article à ce sujet, dans la revue Médor . Il explique que les promoteurs de NEO cherchent à faire passer leur projet de développement de surfaces commerciales contre l’avis des experts ; y compris ceux qu’ils citent dans leurs propres études : Jean-Luc Calonger – auteur du schéma de développement commercial de NEO – estime par exemple que son étude a été “instrumentalisée”.

Le Conseil d’Etat a invalidé – fin 2015 – la demande de la Commission Régionale de Développement (CRD) de modifier le Plan Régional d’Aménagement du Sol (PRAS) du plateau du Heysel en vue d’une reconversion en zone commerciale. En réponse à cette décision, le gouvernement bruxellois a mandaté le bureau d’étude Aries, pour la réalisation d’un nouveau RIE (rapport d’incidences environnementales) qui justifie le projet NEO rétrospectivement. L’union des classes moyennes (UCM) – un syndicat qui représente les intérêts des petits commerçants et indépendants – s’est penchée sur le document et s’interroge aujourd’hui sur la qualité d’un RIE produit en extrême urgence. 

«Vu la taille du RIE, l’Union des classes moyennes (UCM) ne peut que s’interroger sur la qualité du travail fourni et sur l’aptitude de l’étude à répondre aux remarques conséquentes formulées par le Conseil d’État, car en 61 jours ouvrables il a fallu publier un appel d’offres, analyser les offres et attribuer le marché. Ensuite, l’adjudicataire a dû commencer à travailler, faire ses études puis enfin rédiger son rapport» (source). Le RIE est ensuite repassé devant la CRD, laquelle a mandaté un de ses propres membres – Gilles Ledent – pour assurer le rôle d’expert indépendant (sic). Ce sur quoi la commission a produit un avis relativement conciliant à l’égard de ce projet (ce même projet auquel elle s’était fermement opposée trois ans plus tôt). 

Le gouvernement doit encore procéder à la validation du nouveau PRAS ; alors que le projet NEO a déjà été soumis (mi-novembre) à l’enquête publique, en vue de l’octroi des permis d’urbanisme et d’environnement. Pourquoi cet empressement ? Parce que les autorités publiques se laissent bercer par la voix des promoteurs … et que ces derniers se préparent à une concurrence brutale face à Dockx et Uplace : « Il s’agit de donner des gages d’avancement du projet, alors que la concurrence fourbit ses armes » conclut Eric Walravens.

 

neo

Illustration : Nicolas Belayew, pour Médor (www.medor.coop)

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