We are Schaerbeek : portraits vs. stéréotypes

Vanessa Desario est une jeune enseignante schaerbeekoise. Elle enseigne au Lycée Emile Max, situé au numéro 235 de la Chaussée de Haecht. En mars 2016, elle a lancé – sous l’initiative de ses élèves – un blog intitulé « We Are Schaerbeek« . Un espace d’expression ouvert à toutes et à tous, et destiné à montrer un autre visage de la commune.

 

Vanessa, est-ce que tu peux me parler du lancement de ce blog « We Are Schaerbeek ». Comment le projet est-il né ? 

Il est né un peu après le 22 mars dernier, le jour des attentats de Bruxelles. Je travaille dans un lycée à discrimination positive, avec des adolescents âgés de 15 à 19 ans. Après les attentats, comme un peu tout le monde, ils ont été inondés d’infos macabres à la télévision, mais aussi sur les réseaux sociaux. Ils sont venus me voir après un cours, et ils m’ont dit tout simplement qu’ils en avaient marre de l’image que la presse belge et étrangère donnait de la ville de Schaerbeek, car celle-ci ne correspondait absolument pas au Schaerbeek qu’ils connaissent. Ils m’ont suggéré de créer un blog, mais ils ne savaient pas comment s’y prendre. J’y réfléchis quelques jours, et j’ai créé avec eux ce projet inspiré du blog « Humans of New York » de Brandon Stanton, un photographe qui fait des portraits de new-yorkais tous différents les uns des autres, avec une petite anecdote. Je me suis demandé ce que ça donnerait de transposer cette idée à Schaerbeek avec eux. Je dois dire que j’ai énormément de chance avec mes élèves car ils me témoignent toujours une grande confiance. Je ne vais pas dire que j’étais une élève difficile quand j’étais au lycée, mais je n’aurais jamais pensé avoir une telle relation avec mes élèves. Ils me suivent dans toutes mes idées folles et dans tous mes projets pédagogiques et extrascolaires. Un vrai bonheur.

Quelle a été leur réaction, au moment du lancement du projet ? Ont-ils été nombreux a vouloir y participer, poster des témoignages ?

Quand je leur ai expliqué le projet, je leur ai dit que c’était un projet commun et qu’il fallait s’engager. Je ne les ai jamais vu aussi motivés par un projet. Nous avons lancé le blog avec une seule photo et un petit témoignage. Le lendemain, les vues ont explosé, et j’avais déjà beaucoup de mails d’encouragements dans ma boîte mail. J’ai même eu un message du service de communication de la commune. J’ai fait part de chaque avancée du projet, de chaque mail reçu à mes élèves. Nous en avons récolté les fruits ensemble. De leur côté, et c’est de leur âge, ils sont très marqués par les réseaux sociaux et cette culture du buzz que l’on a essayé de renverser positivement. (…) Ce projet m’a donné à voir des gens de tous les horizons, et qui ont en commun cette volonté de « faire ensemble » plutôt que l’étiquette banale du « vivre ensemble ». Comme diraient mes élèves, « le vivre ensemble c’est bien, mais on peut vivre ensemble sans jamais s’adresser la parole. » L’élément déclencheur du projet, ça a été le 22 mars. Est-ce que les élèves ont le besoin ou l’envie de parler des conséquences de cet événement sur leur entourage, leur q u a r t i e r, leur commune, leur ville ? Bien sûr. 90 % de mes élèves sont musulmans. Ils sont les premières victimes de ces attentats. Ils ressentent un besoin de combattre tous les préjugés qu’ils rencontrent. Cela se sent d’ailleurs dans les anecdotes qu’ils choisissent de raconter. Beaucoup d’anecdotes à base de certains regards qu’ils ont sentis sur eux, de réflexions anodines qu’ils ont récoltées.

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Site Web :
http://weareschaerbeek.tumblr.com/

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