Brusilia, « A Tower with a View »

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les facultés d’architecture tournent le dos à l’art déco, pour privilégier une architecture moderniste de type fonctionnaliste : il s’agit de rejeter toute ornementation pour privilégier la fonction du bâtiment, son utilité. A l’époque, Jacques Cuisinier est un architecte fonctionnaliste très en vue. Il signe la « Résidence du Lac » à Ixelles (1957), la Tour Internationale Rogier (dite Tour Martini) à Bruxelles-ville (1958), le Charlemagne à la rue de la loi (1967), le « Centre Monnaie »  à côté de la place De Brouckère (1971) et la Tour Brusilia à Schaerbeek (1968-1971).

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Mais, après mai 1968 et la crise pétrolière de 1973, les architectes se mettent à rejeter en bloc cet héritage moderniste et fonctionnaliste : les architectes – qui tendent à présent à se définir comme « post-modernistes » – se considèrent davantage comme des ‘artistes’ n’ayant à se préoccuper des usages. Les oeuvres de Cuisinier sont alors présentées comme des bâtiments sans grande valeur. En 1998, le Charlemagne voit sa façade entièrement transformée. Et, en 2001, la Tour Martini est rasée et remplacée par la tour post-moderniste « Dexia ».

Il reste encore de l’oeuvre de Cuisinier quelques bâtiments emblématiques, tels le très contesté « Centre administratif de la Ville de Bruxelles » (Centre Monnaie), qui sera prochainement rénové et réadapté… et notre chère « Tour Brusilia » (avenue Louis Bertrand 100-104), baptisée ainsi en guise de clin d’œil à la ville brésilienne de « Brasilia ». Avec ses cent mètres de haut et ces 36 étages, elle est restée, jusqu’en 2012, la plus haute tour à appartements de Belgique.

« Haut de 36 niveaux, l’immeuble à appartements le plus élevé de Belgique à sa construction, le Brusilia est érigé à l’emplacement du Palais des Sports. (…) De plan en arc de cercle, l’immeuble à appartements est accompagné, à l’arrière, par un supermarché, un magasin et une station-service, portant les nos 60, 64 et 66 de la rue de Jérusalem, le tout sous toiture à usage de parking. Sous l’ensemble du complexe se superposent trois sous-sols de parkings réservés aux logements. À l’origine, la tour devait s’étirer sur treize travées, six de part et d’autre d’une travée technique. Seules cette dernière et les six travées de gauche furent réalisées. Prévue pour une seconde phase, l’autre moitié de l’immeuble ne vit jamais le jour. En 2012, c’est finalement une aile de logements de neuf niveaux qui s’est accolée à la tour, accompagnée d’une seconde, de quatre, le long de l’avenue Voltaire, conçues en 2001 par le bureau Architectes Associés » (source).

Sans doute, il y a-t-il de bonnes raisons de porter un jugement sévère sur cet héritage des années 1960. Mais, nos enfants jetteront-ils un regard beaucoup plus clément sur les bâtiments que nous construisons aujourd’hui ? Que pensera-t-on de la tour Dexia ou de la tour Up-Site en 2050 ? Bon, tout cela est un peu lointain… D’ici là, je vous laisse admirer la vue du haut du 29ème et du 36ème étage – grâce aux magnifiques photos de Paul-Henri et Paula – et je vous fixe rendez-vous le 25 Octobre 2014 à 10.00. Ce jour-là, se tiendra – dans la cadre de la biennale d’architecture moderne de Bruxelles – une exposition sur « Brusilia », bâtiment emblématique de notre commune.

« A tower with a view and one of the best examples of the optimism of the seventies. »

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