Débattre autrement, avec ‘Good Reasons’

Ce site est aujourd’hui équipé d’un plugin qui vous permet d’identifier des fautes de raisonnement à l’intérieur d’un article, et ensuite de les commenter et de les signaler à son auteur. A quoi ça sert ? On ne le sait pas encore. C’est en tous cas une façon ludique de découvrir la théorie de l’argumentation et – qui sait – peut-être un jour d’améliorer la qualité des débats qui se tiennent ici.

Impatient(e) de tester le fonctionnement de cet outil ? C’est simple : il vous suffit de suivre pas à pas les étapes indiquées dans le tutoriel ci-dessous. Mais avant de commencer, quelques mots sur le théorie de l’argumentation. La théorie de l’argumentation est un champ d’étude interdisciplinaire qui s’intéresse à la manière dont nous – être humains – inférons des « conclusions« , à partir de raisonnements logiques et de suppositions (aussi appelées « prémisses« ). Un argument est typiquement composé d’une ou deux prémisses, d’une méthode de raisonnement et d’une conclusion. Dans un débat, si vous souhaitez contester ou invalider la conclusion de votre interlocuteur, il vous faut expliquer en quoi cette dernière est « infondée ». Ou plutôt, en quoi elle se base, soit sur une mauvaise méthode de déduction (formal fallacy), soit sur de mauvaises prémisses (informal fallacy).

 

Quelques exemples de sophismes ou de paralogismes

1. Argument Ad Personam : L’attaque personnelle (ou argument ad personam) consiste à viser son interlocuteur en personne, éventuellement de façon désobligeante ou blessante, plutôt que de chercher à combattre ses idées ou ses orientations politiques. « You have the charisma of a damp rag, and the appearance of a low-grade bank clerk. (…) I have no doubt in your intention, to be the quiet assassin of European democracy, and of the European nation states. You appear to have a loathing for the very concept of the existence of nation states – perhaps that’s because you come from Belgium, which is pretty much a non-country« . (N. Farage, lors de la nomination du président du Conseil Européen)

2. Généralisation abusive : Après les attentats de Bruxelles, une manifestation pacifique a été troublée par un groupe de 400 hooligans devant les marches de la Bourse. En réaction à cet incident, le bourgmestre de la ville de Bruxelles accuse la Flandre toute entière : « Ce n’est pas l’image de Bruxelles qui a été salie par les événements de dimanche devant la Bourse. C’est la Flandre qui est venue salir Bruxelles avec ses extrémistes » (Y. Mayeur). Or, ce qui est vrai d’un ou plusieurs éléments de l’ensemble, n’est pas forcément vrai de l’ensemble. C’est une généralisation abusive.

3. Faux dilemme : Le faux dilemme (ou fausse dichotomie) est un raisonnement fallacieux qui consiste à présenter deux solutions à un problème en laissant supposer qu’elles sont les deux seules possibles. En 2015, Jean-Claude Juncker déclare « il n’y a pas de choix démocratique contre les traités européens« . Dans l’esprit de Juncker, soit ont accepte ces traités – en vertu ou non d’un choix démocratique – soit on s’y oppose, ce qui ne peut être qu’un choix anti-démocratique. Dans son monde, il n’y a pas d’autre option possible : il est pour lui impossible de s’opposer à l’adoption ou au maintien d’un de ces traités en vertu d’un choix démocratique.

4. Straw Man : le sophisme de l’homme de paille consiste à formuler un argument facilement réfutable et à l’attribuer faussement à son contradicteur ; bref à caricaturer la position de l’interlocuteur dans l’espoir de remporter une plus forte adhésion auprès du public. En mai 2016, le gouvernement belge annonce par exemple son intention de lancer des frappes la Syrie sans débat parlementaire et sans mandat de l’ONU. Face aux protestations des mouvements pacifistes, d’aucuns rétorquent que « l’inaction n’est pas une solution », « sauf à vouloir laisser ce pays aux mains des terroristes ».

5. No True Scotsman : il s’agit d’un raisonnement – souvent fallacieux – qui consiste à répondre à la mise en cause d’un membre du groupe (auquel on est soi-même affilié) en prétextant que la personne mise en cause n’est pas véritablement membre du groupe. Personne A : « les chrétiens ne tuent pas des innocents ». Personne B : « Breivik est chrétien ». Personne A : « Oui, mais, aucun vrai chrétien ne tuerait des innocents ». Le terme « No True Scotsman Fallacy » fait référence à un passage du livre d’Antony Flew, Thinking About Thinking (1975) :

Imagine Hamish McDonald, a Scotsman, sitting down with his Glasgow Morning Herald and seeing an article about how the « Brighton Sex Maniac Strikes Again ». Hamish is shocked and declares that « No Scotsman would do such a thing ». The next day he sits down to read his Glasgow Morning Herald again; and, this time, finds an article about an Aberdeen man whose brutal actions make the Brighton sex maniac seem almost gentlemanly. This fact shows that Hamish was wrong in his opinion, but is he going to admit this? Not likely. This time he says: « No true Scotsman would do such a thing ».

Comments

  1. Argumentation: Impatient(e) de tester le fonctionnement de cet outil ?
    Valid argument
    J’étais effectviement impatient de l’essayer 🙂
    Tout petit bug: la souris reste une main dans l’éditeur de texte ici présent 🙂

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