Jour de fête

Le 4 octobre, c’était la fête du mouton (Aïd al-Adha), une des fêtes les plus importantes de l’islam. Habiba nous raconte cette journée de fête à Schaerbeek, avec son oeil aiguisé et sa plume poétique.

Samedi 4 octobre, il est 8h du matin, des hommes en robe blanche avancent d’un pas pressé, ils sont accompagnés de leurs petits garçons endimanchés, les cheveux gominés. Ils se rendent  à la mosquée.

Je suis invitée dans une confrérie soufie, rue Josaphat, à partager la prière de l’Aïd El kebir, un rituel musulman matinal. L’établissement est discret, une maison schaerbeekoise. La zaouia est au sous sol, les murs, les tapis, les coussins dans les dégradés de verts.

rue Josaphat

Rue Josaphat, Schaerbeek

Assis face au mur, des hommes chantent, je suis emportée par les chants… loin, loin. À l’arrière, dans la même salle, les femmes fredonnent en chœur. Il s’ensuit un temps de prière, puis des chants, des incantations. On enchaîne avec une seconde prière.

Enfin, l’imam s’installe face aux fidèles, il rappelle l’origine de la fête. Abraham recevant dans un rêve l’injonction de sacrifier son fils bien aimé, Ismaël. Il l’emmène sur la colline, par trois fois le couteau lui échappe, quand apparaît un bélier …

Depuis lors, dans le monde musulman, chaque année selon le calendrier lunaire, deux mois après la fin du jeûne du mois de ramadan, on égorge un mouton. L’imam rappelle la filiation avec Abraham et… Mahomet, le sens de la fête, du sacrifice …

tapis berbère marocain

Enfin, les chants de clôture. Etreintes et souhaits de meilleurs voeux entre les hommes, entre  les femmes, les hommes viennent saluer les femmes, partage de voeux, retrouvailles et  discussion autour de gâteaux et de thé.

Moments privilégiés avec deux membres Tawfik et Nejma.

Tawfik rappelle l’importance de la fête : « beaucoup de gens voient dans la fête du mouton, l’occasion de manger de la viande. Or, le message va bien au-delà : la dissolution de l’égo, les notions d’élévation de soi, l’islam qui veut unir la loi et le cœur, la notion de juste milieu ».

Membre de la confrérie, Nejma est infirmière en soins intensifs, elle suit la voie soufie depuis dix ans et fréquente la zaouia a Schaerbeek, elle y vient pour les chants, pour la liberté d’être.

9h30. Les disciples quittent la salle, la journée sera longue, ils vont pour la plupart chercher le mouton abattu selon le rite  islamique, d’autres préfèrent faire un don à une association. Ensuite, ils rentrent à la maison, ils reçoivent des proches, rendent visite à un maximum de connaissances. La fête est pour chacun un temps de retrouvailles mais aussi un devoir de pardon, il faut laisser les vieilles rancunes au vestiaire.

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Par Habiba

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