Les Invisibles (du 16 septembre au 4 octobre 2014)

En février 2009, Florence Aubenas abandonne son travail de journaliste et prend six mois de congé sabbatique, laissant circuler la rumeur qu’elle part au Maroc pour préparer l’écriture d’un roman. Elle s’installe en réalité à Caen, s’inscrit à Pôle emploi et se met à chercher du travail. Cela lui permet de mener – façon Günter Wallraff – une enquête sur la France des travailleurs précaires ; ces travailleurs qui survivent avec un salaire inférieur au SMIC. Après avoir enchaîné quelques petits boulots, elle trouve en fin de compte un emploi en tant que femme de ménage sur les ferrys du quai de Ouistreham. De cette expérience naîtra un livre, qui deviendra un best seller.

Tout le monde m’avait mis en garde. Si tu tombes sur une petite annonce pour un boulot sur le ferry-boat à Ouistreham, fais attention. N’y va pas. Ne réponds pas. N’y pense même pas. Oublie-la. Parmi ceux que j’ai rencontrés, personne n’a travaillé là-bas, mais tous en disent la même chose : cette place-là est pire que tout, pire que dans les boites de bâtiment turques qui te payent encore plus mal qu’en Turquie et parfois même jamais ; pire que les ostréiculteurs, qui te font attendre des heures entre les marées avant d’aller secouer les poches en mer par n’importe quel temps ; pire que le maraichage, qui te casse le dos pour des endives ou des carottes ; pire que les grottes souterraines de Fleury, ces anciennes carrières de pierre, puis abris antiaériens pendant la guerre, devenues aujourd’hui des champignonnières, qui te laissent en morceaux au bout d’un après-midi de travail. Pour les pommes, on en bave aussi, mais la saison commence plus tard. Ces boulots-là, c’est le bagne et la galère réunis. Mais tous valent mieux que le ferry de Ouistreham. (Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham)

Adieu les récits froids, abstraits et désincarnés qui ont la prétention de rendre compte de la misère sociale. Pour Aubenas, la connaissance de l’autre ne peut passer que par le corps … C’est visiblement ce qui a plu à Isabelle Pousseur et qui lui a donné l’envie de faire une adaptation libre du Quai de Ouistreham, pour le théâtre. Les représentations se tiendront du 16 septembre a 4 octobre 2014 au Théâtre Océan Nord (Rue Vandeweyer 63, 1030 Schaerbeek). Pour réserver vos places, contactez Océan Nord par e-mail (info@oceannord.org) ou par téléphone (02 216 75 55).

 

Crédit photo : Michel Boermans

Crédit photo : Michel Boermans

« [Les deux comédiennes] nous font vivre l’attente des agences pour l’emploi, l’absurdité des formations aux métiers de la propreté, le quai d’Ouistreham, au petit matin, l’apparition dans le brouillard d’une ronde de personnages et continuent leur périple sur les routes avec l’Immaculée, société de nettoyage qui vend des heures et casse les corps. L’équipée, parfois joyeuse, parfois angoissée, nous entraîne souvent aux portes de l’enfer…  Restent l’amitié, l’humour et la colère bien sûr. (Source)

 

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  1. Quelques petits théâtres schaerbeekois

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