Cartographier les communs à Bruxelles

En ces premiers jours de printemps, Dewey vous invite à participer une série de cartoparties : rencontres visant à cartographier les ressources. A quoi ça sert ? Bonne question. Pour faire simple : ça sert à ce que nous puissions débattre des questions liées à la défense des biens communs au sein de notre localité … et à déterminer par nous-mêmes ce qui mérite d’en être dit.

Car, la cartographie ne sert pas uniquement à décrire froidement le monde qui nous entoure. Les cartes géographiques reflètent les valeurs qui sont portées par leurs auteurs et les visons du monde qu’ils appellent de leurs voeux. C’est la raison pour laquelle il est préférable de ne pas laisser les intérêts particuliers ou les intérêts privés déteindre sur la façon dont nous nous représentons notre environnement commun, nos territoires, nos localités.

On en a encore eu la preuve récemment – Outre-Quiévrain – lorsqu’une fédération agricole, la FNSEA, a fait pression sur le gouvernement français pour l’inciter à effacer certains cours d’eau des cartes nationales. Son but : contourner les règles de lutte contre la pollution. On comprend aisément que – si le fait d’effacer ces cours d’eaux des cartes sert les intérêts de certains acteurs pressés d’accroître leurs rendements – cela ne correspond pas à l’intérêt général.

L’intérêt général c’est que les voies d’eau, les lisières des parcelles agricoles et toute une série d’autres « biens communs » soient fermement protégés. Et pour qu’ils le soient, il faut commencer par en reconnaître l’existence et la valeur (notamment au travers de cartes libres telles qu’OSM et, plus localement, maps.dewey.be).

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Un autre exemple familier de la façon dont des intérêts privés peuvent déformer notre perception du monde : Google Maps. Lorsque vous l’utilisez, votre regard est attiré sur zones en orange (areas of interest) censées concentrer une plus grande activité sociale, culturelle et commerciale. Il s’agit de choix opaques, que Google ne prend pas toujours la peine de justifier, et qui conditionnent la perception de notre environnement commun, en faveur de certains acteurs. Sans parler des « points of interests » que l’algorithme identifie comme étant conforme à vos préférences individuelle, au mépris du respect de la vie privée.

C’est ce genre de difficultés qui rendent un outil tel que Open Street Map (OSM) si précieux. OSM c’est – en quelques sortes – le Wikipedia de la cartographie : une carte mondiale en logiciel libre, qui se trouve, non pas aux mains d’acteurs privés, mais aux mains d’une communauté de dizaines de milliers d’utilisateurs actifs et passionnés. Cela donne un outil cartographique souvent plus précis que Google Maps et qui permet de corriger les lacunes et les biais que l’on retrouve sur les « cartes propriétaires ». La communauté Open Street Map est par exemple très active dans le travail de rassemblement des données géospatiales de zones en situation de crise écologique. Et, sa tâche est immense. Pour vous donner un ordre de grandeur : le territoire africain avait – jusqu’à il y a peu – moins de données géospatiales le concernant que … la seule ville de Tokyo.

L’ambition qui nous occupe avec maps.dewey.be est plus modeste. Mais, elle est importante : il s’agit – à travers ce projet – de développer un outil de communication locale libre et démocratique, dont nous puissions avoir la maîtrise ; bref, un outil qui puisse nous aider à déterminer par nous-mêmes ce qui mérite d’être dit au sujet du lieu où nous vivons. Vous le verrez ; loin d’être une lubie de geek, la cartographie libre c’est une activité sociale passionnante qui rassemble des citoyens de tous horizons. Vous en aurez la preuve ce weekend, si vous vous rendez au Mapathon organisé ce samedi 25 mars par Open Street Map Belgium, ou aux Cartoparties Dewey des 25 mars, 26 mars et 1 avril 2017, qui se tiendront au Pianofabriek. Au plaisir de vous y voir : ) ! Il reste encore quelques places. Ne tardez pas.

Réservations : maps@dewey.be

 

 

 

 

 

 

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