Les statues de Josaphat (V) : Hubert Krains

Je vous ai déjà parlé du poète Albert Giraud, du résistant Philippe Baucq, du dieu Borée, du peintre Oswald Poreau. Aujourd’hui, je vous parlerai de l’écrivain et militant wallon, Hubert Krains (1862-1934). Hubert nait aux Waleffes, en 1862 (région de Hesbaye), dans une famille d’ouvriers agricoles.

Il renonce à ses études, à l’âge de seize ans, pour suivre la voie paternelle. Puis, à l’âge de vingt ans – tenté par la carrière de fonctionnaire – il quitte son village natal pour Bruxelles, où il rejoint l’administration des postes en tant qu’aide-télégraphiste. Il y fréquente les milieux littéraires et se consacre – parallèlement à son travail – à l’écriture de contes et de poèmes, qu’il publie pour « La Jeune Belgique », « La Wallonie », et enfin « Le Coq Rouge », une revue qu’il lance en 1895, avec son ami Eeckhout.

Au tournant du siècle, son travail de fonctionnaire commence à l’éloigner de ses aspirations d’écrivain : nommé secrétaire du bureau international de l’Union postale universelle, il doit s’installer à Berne. Ses années passées en Suisse sont vécues comme un véritable exil… Il continue toutefois à écrire, et publie, en 1904, son plus grand chef-d’oeuvre : « le pain noir ». 

« Ce livre, le chef-d’œuvre de Krains, met en scène la déchéance parallèle d’un couple d’aubergistes, ruinés par l’arrivée du chemin de fer, et de leur nièce, séduite et abandonnée, puis épousant un homme qu’elle n’aime pas. Une conception très pessimiste de la condition humaine, broyée par un destin inexorable et par la misère sociale, anime le roman. Sur le ton du constat, Krains décrit sans rousseauisme inutile l’inadaptation des personnages face au progrès symbolisé par le train ». http://www.arllfb.be/composition/membres/krains.html

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Médaille en l’honneur de Hubert Krains (1862-1934). Parc Josaphat

Krains rentre en Belgique en 1911. Au lendemain de la gerre, il est nommé président de l’Association de écrivains belges. Le 10 mai 1934, il meurt – de façon tragique – broyé sous les roues d’un train, exactement comme Jean Leduc, le héro désespéré du « Pain Noir ».

« Il n’y avait plus d’illusions possibles, cette fois. Sa vie était tout entière derrière lui, comme quelque chose d’irrémédiablement perdu. De tous ses projets, de toutes ses joies, de tous ses espoirs, il ne subsistait rien qu’un souvenir cruel. Des deux êtres qu’il avait le plus aimés, il ne restait rien qu’un portrait effacé et un tablier usé. Autour de lui, tout était dévasté comme après une guerre ; il se trouvait maintenant seul, vieux, sans ressources, sans espérances et sans consolation » cf. H. Krains (1904), Le Pain Noir.

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