Bruxelles : 6 projets de récup’ alimentaire

Selon Bruxelles environnement, les ménages de la région bruxelloise jettent quinze mille tonnes de nourriture par an. Les entreprises : dix mille. De quoi nourrir 30.000 personnes pendant une année entière ! Voici six façons de lutter localement contre cet immense gaspillage alimentaire. Six manières de récupérer et de donner au lieu de jeter et de gaspiller.

.1. Organiser des « tables d’hôtes »

Il existe, à Bruxelles, une série de lieux – appelés « occupations communautaires » – où convergent, d’une part, la lutte contre le gaspillage alimentaire et, d’autre part, la lutte pour l’accès au logement. Après avoir signé leurs contrats d’occupation précaire, des associations telles que Woningen 123 Logements et la Communa ASBL, ont par exemple décidé de récolter et de cuisiner des invendus : quatre jours par semaine, les tables d’hôtes de la Communa, de la Poissonnerie, de l’Allée du Kaai et du 123 vous offrent ainsi des dîners végétariens, entièrement élaborés à partir des invendus du marché ou du supermarché, pour la modique somme de 2 ou 3 euros.

Crédit photo : collectactif

Crédit photo : collectactif

.

Le mercredi soir, les gens du Collectactif et de l’asbl la Communa vous concoctent un plat végétarien pour 2 euros ou plus (44, Avenue des statuaires, 1180 Uccle). Le jeudi, c’est au tour de Marie et des « poissons » – c’est ainsi que l’on appelle les habitants de l’occupation communautaire de la Poissonnerie (214, Rue du Progrès, 1030 Schaerbeek) – de proposer leurs plats végétariens pour 3 euros ou plus. Le samedi, c’est à nouveau l’équipe du Collectactif qui vous accueille à l’Allée du Kaai (49, Avenue du Port, 1000 Bruxelles) pour une table de d’hôtes qui débute généralement aux alentours de 18h. Le Dimanche : c’est la table d’hôte du 123 (123, Rue Royale, 1000 Bruxelles).

2. Composer et distribuer des colis alimentaires

Après l’organisation des tables d’hôtes du mercredi soir à Uccle et du samedi soir au canal, Mohammed, Samad, Abdel, Walid, Hassan et Ismaël (du collectif de sans-papiers « Collectactif« ) s’occupent de la préparation des « colis alimentaires » du dimanche midi, composés à partir des invendus du marché des abattoirs d’Anderlecht. Mathias Ruttens est allé leur prêter main forte le 18 janvier dernier. Il témoignait cette semaine – à l’antenne de Radio Alma 101.9 FM –  du fait que, en dépit du travail abattu par le collectif, une grande quantité d’aliments parfaitement consommables continue à être jetée chaque dimanche dans ce quartier de Cureghem.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

3. Organiser des « dégustations de bon sens » et autres « disco soupes »

Investir l’espace public de sorte que les gens se rencontrent, récupèrent, préparent et partagent ensemble les invendus du marché, c’est également l’objectif des « dégustations de bon sens« , et notamment de son antenne bruxelloise qui pose occasionnellement ses tentes sur la place Sainte-Croix à Ixelles. Sur le site des « dégustations », un message clair : « Face à l’explosion de la précarité, de la misère et de l’indigence, nous préférons la solidarité, l’écoute et la mobilisation citoyenne. Face au gaspillage, à la marchandisation de toute activité, à l’obsession de croissance, nous préférons la récupération, le partage, le don, la réutilisation et la réparation » (source). Dans le même esprit, il y a le mouvement disco soupe : « un mouvement solidaire et festif qui s’approprie l’espace public et le rebut alimentaire pour sensibiliser au gaspillage ».
 . 
Crédit photo : Les dégustations  Bruxelles

Crédit photo : Les dégustations Bruxelles

4. Créer des frigos publics

Il existe, en Allemagne, une centaine de sites de “foodsharing” généralement équipés de frigos publics, lesquels permettent aux gens de partager leur nourriture un lendemain de fête ou la veille d’un départ en vacances. Résultat : moins de gaspillage alimentaire et plus de solidarité. Dans la seule ville de Berlin, il existe aujourd’hui une douzaine de sites de ce type. Les pendants français et néerlandais des sites de foodsharing allemand existent depuis 2013 et 2014 (foodsharing.nl et partage ton frigo). Et, en Belgique, des frigos publics commencent tout doucement à faire leur apparition dans des rues de Gand et de Schaerbeek. Fin décembre, l’association everoise Corvia vzw – qui a pour objectif d’offrir un soutien aux sans-abris – a en effet installé un réfrigérateur public à l’entrée du numéro 444 du Boulevard Lambermont.

Inscription sur le frigo public du Boulevard Lambermont (Schaerbeek)

Inscription sur le frigo public de Corvia vzw (Crédit photo : M. Simonson)

.

5. Encourager les commerces à faire don de leurs invendus

Certaines communes bruxelloises, comme la commune de Watermael-Boitsfort, cherchent aujourd’hui à suivre l’exemple de l’administration communale de la ville d’Herstal, qui – depuis 2012 – emploie un moyen de pression intéressant pour inciter les firmes de la grande distribution à donner leurs aliments lorsque ceux-ci approchent de la date limite de consommation : depuis 2012, Herstal ne renouvelle (en principe) le permis d’environnement d’un supermarché qu’à condition que celui-ci accepte de céder ses invendus aux associations d’aide aux plus démunis (source).

photo-221

.

Il y a beaucoup d’autres leviers importants, pour en finir une fois pour toutes avec le gaspillage en entreprise : il y a bien sur un mouvement mondial de « freeganism » réuni sous le slogan feeding the 5000, mais aussi des initiatives locales telles le réseau FSE et foodwe. Foodwe est une plateforme qui met les professionnels de l’alimentation en contact avec les associations, de façon à faciliter la récolte et l’utilisation de leurs invendus. Si vous êtes vous-mêmes un professionnel du secteur, et que vous souhaitez y déposer une annonce pour collaborer avec les associations, cliquez ici.

 

6. Faire les poubelles

Parce qu’il y a parfois plus de fierté et de dignité à vider les poubelles qu’à les remplir, il existe des groupes de récup’ alimentaire qui s’attaquent directement aux bennes à ordures des restaurants et des supermarchés ; notamment le collectif des Gars’pilleurs, originaire du nord de la France. Son mot d’ordre : « Rien ne se perd, tout se récupère ». Ici, l’objectif est à la fois de lutter physiquement contre le gaspillage alimentaire – de récupérer des produits parfaitement consommables – mais aussi de montrer à tou(te)s l’ampleur d’un gaspillage qui autrement resterait tout à fait caché. Le 21 décembre 2014, lors d’une action dans le centre de Bruxelles, le collectif a récupéré pas moins de 250 kg de nourriture, qui ont ensuite été redistribués gratuitement sur le place du jeu de balle.
Crédit photo : Michel wal (Creative commons)

Crédit photo : Michel wal (Creative commons)

.
Pour aller plus loin …

_

par Mathieu

Comments

    • dewey Author

      Hello baba Kitchen,
      Peut-être que les gens du collectactif pourraient être intéressés par le développement d’un frigo public à l’Allée du Kaai, qui sait. Sinon, pour nous aider à produire de la chouette information locale, vous pouvez nous faire un don ; – )

  1. en bas de texte mettre le sigle Fb pour pouvoir partager
    Idée frigo top de chez too
    Aimerai distribuer des repas lors d un événement dans le BW ou a BXL
    Bravo déjà

  2. Denise

    Comment font il par rapport a l’AFSCA ? Pour être en règle il faut des installations digne d un resto 5 étoiles ?? Sur la Province du Lux on a essayer et si on investit pas des milliers d’euros on ne peut pas le faire ??

  3. Bridge

    Un grand MERCI pour tout! Pour Tous!
    Et je suis vraiment heureux que des gens comme vous existent!

    C’est grandement HUMAIN

    MERCI

    <3

  4. Provoushki

    Bonjour
    Nous sommes un JM Oxfam et nous organisons un déjeuner Oxfam les 15 16 et 17 février. Notre but n’est pas uniquement de faire découvrir des produits equitables aux élèves de notre école mais aussi de les sensibiliser aux différentes actions petites ou grandes menées autour de nous.
    Nous vous contactons donc pour vous proposer de venir faire part de vos initiatives et présenter votre projet à des jeunes de 10 à 18ans.
    Nous avons organisé notre déjeuner sur 3 jours pour répartir les élèves selon leur degré.
    Le déjeuner durera 3h durant lesquelles les élèves pourront se rendre de stand en stand.
    Nous mettrons un local à votre disposition ainsi que notre aide!
    Merci d’avance nous attendons votre réponse impatiemment!
    Bonne soirée

  5. Bonjour,

    Nous avons une boulangerie pâtisserie et aimerions vous faire bénéficier tous les jours des invendus je veux bien vous les livrer enfin trouvons un système pour que les gens puissent profiter de es merveilles

  6. Francoise

    Bonjour , je travaille depuis un mois dans un Peti supermarché de luxe ouvert 7/7 , et quand je travaille le soir, les invendus des dates limites de péremption du jour sont jetés , ce sont des pains, des plats préparés, des poulets rôtis, des pâtisseries, selon…quand je peux, je les récupère et je les stocke dans mon congélateur , mais y a t’il un moyen de les écouler à des gens dans le besoin? C’est à 25 km de Bruxelles ? Merci pour vos bonnes idées !!!

Pingbacks

  1. Acheter c'est voter
  2. Récup', réparation et partage @BrusselsAcademy
  3. Glaner à Bruxelles
  4. Glaner, cuisiner, partager ...
  5. Collectactif : glaner, cuisiner, partager … | Le Jardin Latinis

Leave a Reply